Don Quichotte

J'entretiens une familiarité pleine de tendresse avec Don Quichotte de la Mancha , Sancho Pansa, et Rossinante.

Don Quichotte, antihéros universel, et Sancho sont les deux faces de la même pièce. Pour le premier, la faiblesse héroïque et pour le second, la force inutile. En somme, comme Janus aux deux visages : l'un le passé, l'autre l'avenir.

Honoré Daumier a très bien saisi l'équilibre-dualité de ce "couple impossible" en représentant Don Quichotte, fusiforme, qui traverse le monde sans discernement et surtout sans communiquer avec la réalité. La représentation du visage, sans nez, sans bouche ni yeux, ni oreilles fait de don Quichotte un protagoniste déchirant. A contrario son compère, poussah graisseux presque liquide qui se traîne en geignant, à l'écoute de toutes ses envies, fait de Sancho un compagnon veule mais... attachant.

La physionomie filiforme de l'un l'élève dans l'espace pour en faire un personnage éthéré. Tandis que la physionomie rebondie de l'autre le colle à la terre pour en faire un personnage enterré.

N'est-ce pas là le miroir de notre recherche personnelle de l'équilibre entre le ciel et la terre? C'est pour cette raison que ces deux personnages me sont si familiers, ils sont, chacun, une juste part de moi-même.

Ce vieil hidalgo que fait vivre pour nous Cervantès s'étourdit de romans de chevalerie jusqu'à en perdre la raison. Il devient chevalier errant sous le vocable de Don Quichotte. Dans sa recherche d'idéal, il est victime d'hallucinations, prenant les paysannes pour des princesses et les moulins à vent pour des géants.

guy paillard

" Qui est donc le plus fou, le fou qui fait l'éloge du lucide ou le lucide qui croit à l'éloge du fou? "

(Milan Kundéra Le Rideau)